Plutôt que de planter de jeunes sujets, les collectivités misent aujourd’hui sur des arbres bien développés.

Les arbres de grandes tailles s’invitent en ville

 

Dans les nouveaux parcs et jardins urbains, la tendance est à l’aménagement paysager mature. En effet, les collectivités font aujourd’hui le choix de planter des arbres s de bonnes tailles pour bénéficier rapidement de l’aspect esthétique final et des avantages bioclimatiques attendus. Pour répondre à cette attente, les pépiniéristes s’adaptent. Les Pépinières du Val d’Erdre, entreprise familiale des Pays de la Loire dotée de 170 hectares de production et de plus de 2500 variétés de végétaux, contribuent à rendre les agglomérations plus vertes et plus ombragées.

Interview de Gary Auray, responsable « Production Pleine Terre » des Pépinières du Val d’Erdre.

« Aujourd’hui, les villes veulent des aménagements paysagers aboutis, comme si les jardins existaient depuis des années, avec des plantations  de végétaux de grosses tailles et bien développés. »

 

Quelles sont les attentes des chantiers paysagers aujourd’hui ?

« Il y a dix ans, les villes cherchaient à planter des sujets encore jeunes, âgés de trois ou quatre ans, ce qui nécessitait par la suite beaucoup d’entretien et des tailles de formation. Désormais, les villes souhaitent obtenir la sensation que le parc est déjà boisé depuis des années et optent pour des sujets plus grands et déjà bien développés, qui demandent moins de suivi si ce n’est l’irrigation. Nous sommes spécialisés dans la culture d’arbres de grandes tailles, avec trois sites de production où certains spécimens sont âgés de 8 à 15 ans. Néanmoins, ces longs cycles de culture apportent aussi des contraintes. Nous devons être équipés d’arracheuses qui permettent d’extraire des mottes jusqu’à 1,60 m de diamètre. L’arbre pèse alors environ deux tonnes et il faut ensuite le transporter. Surtout, il faut continuer de l’entretenir : drainer le sol, apporter du fertilisant et différents substrats en fonction des essences… Chaque plante possède ses propres besoins. »

Les arbres que vous cultivez répondent-ils aux évolutions climatiques ? 

« Notamment depuis deux ans, les hivers sont extrêmement pluvieux. Il suffit que la plante soit installée en automne dans un sol mal drainé pour que les racines pourrissent. Au contraire, lors d’une plantation en mars-avril, l’arrosage doit être suffisant afin que l’arbre puisse résister aux potentiels dégâts d’une sècheresse estivale. L’une des forces de notre entreprise est la présence de quatre étangs qui permettent un apport d’eau pour les jeunes cultures. Le risque, c’est le manque de suivi, les paysagistes doivent également surveiller l’évolution des plantations A titre d’exemple, nous avons fourni en végétaux les chantiers de la gare de Nantes et de la carrière Misery. Nous passons régulièrement voir les plantes, pour observer si elles ne sont pas fatiguées et alerter les paysagistes si c’est le cas. Par ailleurs, nous testons dans nos pépinières en pleine terre, la résistance de nouvelles essences à la pluie, au vent et à la sécheresse.

En ville aussi, les demandes sont différentes ? 

« Oui, il y a dix ans, nous vendions des séries d’arbres pour des alignements urbains, comme des Platanes, des Chênes. Aujourd’hui, on ne vend plus la totalité de ces productions. Les villes privilégient des arbres à plus petits développements, avec une floraison printanière et un beau feuillage automnal. Elles souhaitent donner de la couleur, avec le Liquidambar, les Erables rouges comme l’Acer rubrum. L’Erable champêtre, qui résiste bien à la sécheresse, est la variété que l’on vend le plus ; en rupture de stock depuis deux ans : nous vendons tout ce que nous produisons. Le Mûrier-Platane se vend également en nombre, plus de 500 unités par an. Isolé, c’est un arbre qui apporte de l’ombre, ce que recherchent de plus en plus les villes. A Nantes, Angers ou Rennes, nous contribuons à rendre la ville verte. Sur certains boulevards, la différence de températures atteint les cinq à dix degrés entre celui qui est arboré et celui qui ne l’est pas. Chez nos clients particuliers, la crise de la Covid a aussi modifié les attentes. Aujourd’hui, la tendance est à l’achat d’arbres fruitiers matures. Ils ne veulent pas attendre deux ou trois ans pour obtenir des fruits. Ainsi, Pommiers, Poiriers, Cerisiers, Pruniers sont vendus en grandes quantités et de plus en plus dans de grosses tailles.

Pépinières du Val d’Erdre